Un peu de philosophie...
On rêve très souvent de la mort. De Dieu, jamais.
La magie de la vie consiste à se servir de l'action pour parvenir
à la non-action.
L'intention façonne la réalité. Nous devenons ce que nous pensons.
Le temps, c'est ce qui empêche tous les événements de l'univers
de se produire en une seule fois.
Celui qui saisit les phénomènes comme réellement existants est aussi stupide qu'une vache, mais celui qui saisit l'absence d'existence des phénomènes, la vacuité, comme réelle, est encore plus stupide qu'une vache.
La réalité se trouve dans les yeux de celui qui regarde.
Rater le train n'est pénible que lorsque l'on court après.
Être vieux, c'est juste être jeune depuis plus longtemps que les autres.
Plus l'état de la planète se dégrade, plus notre espérance de vie augmente. Le jour de la fin du monde, nous serons donc peut-être devenus immortels.
Le bonheur, c'est le bandeau de velours que s'impose l'esprit pour ne pas voir la souffrance.
Temps-Espace
A l'horizon de ce désert que je traverse, rien d'autre
que la légère courbure de la terre brûlée. Rien;
rien. Et soudain, au fur et à mesure que j'avance, quelque chose : d'abord
imperceptible, puis de plus en plus réelle... Mais oui, il y a quelque
chose à l'horizon : i1 y a un arbre . Ne suis-je pas le jeu d'une illusion,
d'un mirage ? Un passant m'aurait arrêté avant que je n'aperçoive
l'arbre, et je lui aurait déclaré tout net qu'ici, il n'y avait
rien. Maintenant l'image de l'arbre existe dans mon esprit; mais l'arbre existe-t-il
dans la réalité ? J'ai vu l'arbre, mais je doute encore de sa
réalité : peut-être mon opinion est elle faussée
par l'illusion possible. Si je reste
sur place, à moins que le phénomène se dissipe, jamais
je ne serait fixé sur la réalité de l'arbre. Seule solution
: avancer; plus j'avance et plus l'arbre que je vois, existe, non seulement
en image, mais en essence, dans mon esprit. Maintenant qu'il se dresse devant
moi, que je peux le toucher, je peux dire : ici, il y a un arbre.
Seulement, le problème n'est pas résolu : mon opinion
n'est plus en cause, puisque j'ai vérifié
que l'arbre existait en essence dans mon esprit. Mais dans la réalité
? Si je retourne sur mes pas, et que je reviens au point où tout à
l'heure je ne voyais rien, l'arbre continuera d'exister dans mon esprit et dans
m, réalité subjective, c'est à dire dans l'ensemble de
ce que je puis concevoir ou me souvenir, dans ma connaissance. Maintenant, c'est
elle qui est en jeu, au contraire de tout à l'heure : toutes les possibilités
auraient été conservées même si ma connaissance,ou
mon savoir, ne m'avait pas permis de penser un instant que je pouvais tomber
dans l'illusion; j'aurais continué à penser l'image de l'arbre
et l'arbre aurait continué à ou à ne pas exister dans la
tangibilité (c'est ainsi que je conviens d'appeler la réalité
subjective en opposition avec la réalité tout court). Or, maintenant,
l'arbre n'est plus devant moi, mais je me souviens qu'il l'a été,
et cela suffit à me convaincre qu'il continue d'être. Délivré
de l'illusion, je suis peut-être dans l'erreur. Dans l'espace, absolument.
Mais que s'est il passé dans le temps ? Je suis venu, j'ai vu, et je
suis revenu ! Je suis arrivé ignorant, je suis reparti
savant. Changement d'état donc : c'est que le temps m'a changé
dans mon être (j'ai vieilli depuis tout à l'heure) et dans ma connaissance.
Bien. Quand je suis devant l'arbre, le temps continue à s'écouler
et à modifier activement les essences. Ne serait-ce que parce que je
ne connaît l'arbre qu'en fonction du temps que met son image à
me parvenir. Mais ce n'est pas tout; il faut se garder de raisonner statiquement,
sans quoi, on se risque à passer à côté du vrai problème
qua pose les rapports du temps et de l'espace et leur existence dans la réalité
objective.
Prenons un peu de recul. Nous vivons sur la planète Terre et quand
je me trouve dans le désert devant mon arbre, l'arbre et moi constituons
un système déformable, au sens physique du terme, immobiles l'un
en face de l'autre, quelque part au sein d'un univers mobile. Et la planète,
dans sa révolution, évolue inlassablement dans l'espace, tournant
sur elle-même à vitesse constante; nous voilà, mon arbre
et moi qui nous déplaçons tranquillement dans l'univers, avec
elle. Pas besoin de faire dix pas, la terre nous en fait faire cent. En fait,
au bout de quelques instants, je me trouve exactement à l'endroit où,
dans l'espace, se trouvait mon arbre quelques instants plus tôt. Tout
comme un projectile lancé dans l'espace qui laisse derrière lui
une "trace", tout ce qui ce trouve quelque part dans l'univers se déplace
en abandonnant une ombre, une empreinte. Comme la voiture qui, en passant dans
la rue, déplace une masse d'air que le passant ressent peu après
comme un courant d'air, il se peut que l'empreinte laissée dans l'espace
par un individu fouette le visage d'un autre qui se trouvera sur le "sillage"
. On imagine facilement ce qui peut se passer ensuite. N'est ce pas une explication
des phénomènes exceptionnels comme la médiumnité,
ou même plus simplement des causes du "coup de foudre" ? L'image se déplace,
et tout ce qu'elle contient en elle, avec elle. L'image, c'est plus que l'apparence
: c'est notre indice de réalité a priori. L'image d'un objet véhicule
unes quantité d'informations de toutes natures que l'individu reçoit
de mille et une manières, émotionnellement. Et si l'individu vient
à s'identifier à l'image, il s'approprie inconsciemment son contenu.
C'est le temps qui véhicule les images, par l' intermédiaire de
la lumière, c'est lui aussi qui véhicule le savoir : j'arrive
ignorant, je repars savant. Le savoir est une lumière, lui aussi ! Et
l'image est un savoir en puissance... La Terre se déplace dans l'espace
et l'espace dans l'univers : tout est mouvement, tout est dans le temps. Le
temps, c'est l'espace une infinité de fois.
Axel Chambily, 1974
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