Un peu de philosophie...
On rêve très souvent de la mort. De Dieu, jamais.
La magie de la vie consiste à se servir de l'action pour parvenir
à la non-action.
L'intention façonne la réalité. Nous devenons ce que nous pensons.
Le temps, c'est ce qui empêche tous les événements de l'univers
de se produire en une seule fois.
Celui qui saisit les phénomènes comme réellement existants est aussi stupide qu'une vache, mais celui qui saisit l'absence d'existence des phénomènes, la vacuité, comme réelle, est encore plus stupide qu'une vache.
La réalité se trouve dans les yeux de celui qui regarde.
Rater le train n'est pénible que lorsque l'on court après.
Être vieux, c'est juste être jeune depuis plus longtemps que les autres.
Plus l'état de la planète se dégrade, plus notre espérance de vie augmente. Le jour de la fin du monde, nous serons donc peut-être devenus immortels.
Le bonheur, c'est le bandeau de velours que s'impose l'esprit pour ne pas voir la souffrance.
Le pessimisme de Schopenhauer
C'est la mort qui console, hélas ! et qui fait vivre ;
C'est le but de la vie, et c'est le seul espoir
Qui, comme un élixir, nous monte et nous enivre,
Et nous donne le cœur de marcher jusqu'au soir […]
Cet extrait des premiers vers de La mort des pauvres de Baudelaire (1) nous
fournit une parfaite entrée en matière pour pénétrer
l'esthétique schopenhauerienne. Le philosophe a en effet offert, à travers
ses travaux, et notamment dans son principal ouvrage paru en 1818, Le monde
comme Volonté et comme Représentation, une justification à la
pensée du tragique omniprésente dans l'art du XIXe siècle.
Le pessimisme, comme posture philosophique, influencera aussi bien Tolstoï,
Nietzsche ou Proust que Becket. La pensée de Schopenhauer constitue également
un maillon important dans l'histoire de la Pensée du Soupçon,
pensée critique et emblématique qui considère nos représentations
comme des illusions, et que l'on retrouvera chez Marx, Freud et Nietzsche
par exemple. Il est également un des précurseurs de la philosophie
existentialiste du XXe siècle, et c'est pourquoi il me semblait intéressant
de l'évoquer maintenant, suite à l'article de Julien sur Sartre.
Arthur Schopenhauer (1788-1860) enseignait à l'université de
Berlin en même temps que Hegel, dans les années 1820. Mais contrairement à son
homologue, il ne rencontrait que peu de succès et, lassé sans
doute de professer devant des salles presque vides, il renonça à l'enseignement.
Il ne connut la reconnaissance qu'à la fin de sa vie, à partir
du début des années 1850, et surtout après sa mort. La
réédition posthume de son ouvrage Le monde comme Volonté et
comme Représentation rencontra alors un vif succès auprès
d'artistes tels Zola ou Maupassant.
Schopenhauer développe deux concepts fondamentaux qui sont la Volonté et
la Représentation.
La volonté (2) est l'élan vital constitutif de toute réalité,
et qui s'identifie à un vouloir-vivre aveugle et universel, commun à toutes
les forces, physiques, vivantes, humaines.
La représentation est l'acte par lequel l'esprit se rend présent
ses objets, dans le cadre de l'espace et du temps, à travers des formes
a priori de la perception.
Le vouloir-vivre est le principe qui gouverne le monde, alors que la représentation
est le point de vue selon lequel l'homme voit le monde. Examinons plus en profondeur
chacun de ces concepts.
Le vouloir-vivre est une force, un élan, une énergie, dont la
caractéristique est d'être une énergie aveugle, vide de
sens, sans justification, ni finalité, ni raison.
Les trois propriétés de la volonté sont l'unité (une
seule et même présence à tous les niveaux de la réalité que
nous connaissons), la toute-puissance (nul ne peut échapper à la
volonté) et l'absurdité (elle n'a aucune justification, elle
est aveugle et vide de sens). L'Absolu, le principe qui gouverne le monde,
est donc pour Schopenhauer un non-sens :
Le fond du monde est
un gouffre sans fond
En exprimant cela, il va à l'encontre de toute la tradition de la métaphysique
occidentale depuis Platon, selon laquelle le fond du monde est Dieu - pour
Platon, le monde est le résultat du développement du Beau, du
Bien et du Vrai. Schopenhauer prend également le contre-pied de Leibniz
qui, dans ses Essais de Théodicée, réalisait le procès
de Dieu en essayant de répondre à la question : pourquoi le Mal
existe-il sur Terre ? Leibniz concluait en innocentant Dieu. Il se fondait
pour cela sur le principe de raison, selon lequel chaque chose sur Terre a
une cause, une raison, et que ce qui nous apparaît comme un mal correspond à un
bien à un autre endroit (3). Il pouvait ainsi s'exclamer : " nous
vivons dans le meilleur des mondes possibles " ; ce à quoi Schopenhauer
répond : " notre monde est le pire des mondes possibles ".
La représentation, c'est le monde tel qu'il est vu par l'homme, selon
la représentation qu'il s'en crée :
Le monde est ma représentation
La représentation ne pense alors du monde que des phénomènes,
elle ne perçoit pas le vouloir-vivre mais ses résultats. La représentation
repose sur trois principes :
- la distinction sujet / objet : toute représentation suppose un sujet
qui voit et un objet vu, représenté. Cette distinction est une
illusion et nous empêche de voir l'unité du monde ;
- la distinction temps / espace : toutes nos représentations sont spatio-temporelles
;
- la distinction cause / effet : toutes nos représentations consistent à chercher
des séries de causes et d'effets.
On voit ainsi que la représentation (la manière dont on perçoit
la réalité) pense le monde sur le mode de l'individualité et
de la division, alors que la volonté, le principe qui régit le
monde, se caractérise par l'unité (l'unité est, je le
rappelle, l'une des trois propriétés du vouloir-vivre) ; elle
est nécessairement une illusion puisqu'elle ne voit pas l'essence du
monde (le noumène) mais son apparence (le phénomène). " Noumène ", " phénomène ",
quézako ?
Schopenhauer se revendique de deux influences, Platon et Kant. Il emprunte à Kant
sa distinction entre phénomène et noumène. Le noumène
est la chose en soi (on pourrait parler d'essence, ou d'Idée au sens
de Platon) ; le phénomène la chose telle qu'elle apparaît.
Ainsi la réalité peut elle être envisagée selon
deux points de vue :
- soit elle est considérée pour elle-même, en soi, selon
le point de vue de ce que Schopenhauer nomme la volonté ou le vouloir
vivre. En tant que volonté, le monde est un absolu car il n'est pas
pensé relativement à l'homme. Il est proprement inconnaissable,
et le noumène l'est par conséquent lui-aussi ;
- soit la réalité est envisagée comme phénomène,
c'est à dire comme elle nous apparaît, sous la forme d'une représentation.
Si Schopenhauer emprunte à Kant, sa métaphysique s'inscrit également
dans la tradition platonicienne. Ainsi selon lui le monde est, en son essence,
absolument simple. Cette simplicité est celle du vouloir-vivre.
Comment le vouloir-vivre se manifeste-il à nous ? Selon Schopenhauer,
il est présent en chaque être à travers l'expérience
que nous faisons de notre corps. Le corps est ce par quoi se livre le fond
du monde, l'Absolu, c'est lui qui nous permet de sentir le vouloir-vivre, l'unité nouménale
de l'existence.
Il est ainsi le premier philosophe à dire que c'est l'expérience
corporelle qui nous révèle le fond métaphysique de l'existence.
Les pulsions du corps, les désirs, constituent en nous le fond à partir
duquel la volonté se rend présente, se manifeste. Il compare
les hommes à des betteraves, dont la partie aérienne (l'Intellect
chez l'homme) est très petite alors que la partie souterraine (l'expérience
corporelle, les désirs) est très développée. Selon
lui, ces désirs restent en partie inconscients, et il annonce en cela
la psychanalyse qui se développera à la fin du siècle.
Pourquoi l'expérience corporelle nous livre-t-elle l'essence intime
du monde ?
Elle est l 'expérience du désir, c'est à dire une expérience
qui se répète mais de manière stérile, sans renouvellement
:
"
Tout désir naît d'un manque, d'un état qui ne nous satisfait
pas ; donc il est souffrance, tant qu'il n'est pas satisfait. Or, nulle satisfaction
n'est de durée ; elle n'est que le point de départ d'un désir
nouveau." (4)
L'expérience du désir est l'expérience de l'absence de
sens de notre existence. Tout le mécanisme du désir est absurde
car il s'achève par la mort. Le désir est donc la marque de la
mort qui s'imprime en nous à chaque instant. " Désirer c'est
mourir ", c'est à dire sentir le travail de la mort en soi.
Schopenhauer s'écarte ici d'une manière radicale de la pensée
platonicienne pour qui la révélation de Dieu, des Idées
du monde Intelligible, ne peut se faire que par l'Intellect, la pensée.
Selon lui, l'Intellect ne peut concevoir ou percevoir la réalité du
monde, nous vivons dans l'illusion car notre pensée est gouvernée
par le vouloir-vivre sans le savoir. Il sort de la tradition occidentale qui,
depuis Descartes, considère que je suis une conscience libre et consciente
de moi-même.
Il me semble intéressant de faire ici un parallèle avec un auteur
contemporain dont les derniers romans ont suscité de nombreux débats,
Michel Houellebecq. Ainsi trouve-t-on à la page 161 de l'édition
de poche des Particules élémentaires ce discours tenu par l'un
des deux principaux protagonistes du roman, à propos de Aldous Huxley
et de son frère Julian Huxley :
"
En soi le désir - contrairement au plaisir - est source de souffrance,
de haine et de malheur. Cela, tous les philosophes - non seulement les bouddhistes,
non seulement les chrétiens, mais tous les philosophes dignes de ce
nom - l'ont su et enseigné. La solution des utopistes - de Platon à Huxley,
en passant par Fourier - consistent à éteindre le désir
et les souffrances qui s'y rattachent en organisant sa satisfaction immédiate.
A l'opposé, la société érotique-publicitaire où nous
vivons s'attache à organiser le désir, à développer
le désir dans des proportions inouïes, tout en maintenant la satisfaction
dans le domaine de la sphère privée. Pour que la société fonctionne,
pour que la compétition continue, il faut que le désir croisse,
s'étende et dévore la vie des hommes. "
Nous trouvons ici l'une des thèses principales que Houellebecq développe
dans ses écrits, à propos de notre société dont
tout le fonctionnement est basé sur la consommation, ou plutôt
le désir de consommer, présenté comme un nécessité pour
tous les individus. Ces propos bénéficient d'un éclairage
nouveau après l'étude de la philosophie de Schopenhauer. Je viens
par ailleurs de retrouver un texte de Houellebecq extrait de Approches du désarroi5
traitant justement de Schopenhauer, où il explique que les concepts
de volonté et de représentation, s'ils sont encore présents
aujourd'hui, ont subi une telle métamorphose qu'ils mériteraient
sans doute d'être révisés…
Cette réflexion sur l'importance du désir dans notre société de
consommation, on la retrouve dans un ouvrage essentiel, La société du
spectacle de Guy Debord, publié en 1967 (il en a tiré un film
paru en 1973)6.
De la souffrance et de l'absurdité, suscitées par le règne
du vouloir-vivre, décrites le mois dernier, naissent chez l'homme trois
sentiments existentiels fondamentaux : l'angoisse, l'ennui et l'égoïsme.
Ces trois sentiments ne relèvent pas, selon Schopenhauer, de la psychologie,
et révèlent à l'homme sa condition d'homme.
L'angoisse est le sentiment par lequel nous prenons conscience du caractère
sans fondement du monde, que la vie est un éternel et stérile
recommencement. L'angoisse restera, pour les philosophes du XXe siècle
tels Sartre ou Heidegger, un sentiment philosophique, qui révèle à l'homme
sa condition.
L'ennui, présent aussi chez Pascal, est le sentiment du vide de l'existence,
qui fait prendre conscience du temps et donc de l'éphémère
de l'existence. Les hommes craignent de s'ennuyer car ils prennent conscience
de leur être de mort, sentiment intolérable qui les poussent à se
donner des motifs d'action.
L'égoïsme correspond au fait que chacun de nous est enfermé dans
son propre moi, son propre désir. Pour chacun de nous, notre mort est
la fin du monde. L'égoïsme est vital, mais de lui naissent inévitablement
la haine et la guerre. Au fond, la vie est un combat, mais un combat absurde.
Il est évidemment nécessaire d'évoquer ici La nausée,
roman de Jean-Paul Sartre écrit en 1938, dans lequel le personnage principal,
Antoine Roquentin, prend subitement conscience de l'existence à travers
un sentiment d'angoisse omniprésent. C'est l'angoisse, en tant que sentiment
philosophique, qui lui permet de prendre conscience de l'existence et par là de
son absurdité, de sa vacuité. Antoine Roquentin en vient à renoncer à tout
projet, car il comprend qu'on ne se donne des raisons d'agir que pour éviter
de s'ennuyer et d'avoir à regarder la réalité en face.
Pour Schopenhauer, la vie s'identifie à la mort. Le monde est mort puisqu'il
se répète de manière inéluctable. Vivre, c'est
donc faire l'expérience de la mort à travers différentes
modalités telles que la cruauté, l'angoisse, l'ennui, le désir, … Schopenhauer
oscille entre deux positions. Selon la première, le monde est mort ;
selon la seconde, la mort de l'individu n'est rien ou n'est qu'une illusion
car nous sommes déjà morts. Cette thèse sera très
présente chez les artistes du mouvement symboliste tels Baudelaire,
Mallarmé ou Maeterlinck. Par exemple, divers poèmes des Fleurs
du Mal parlent de la mort selon une même optique. En voici quelques extraits,
dont le premier tiré du Voyage (dernier poème des Fleurs du Mal)
:
La mort, vieux capitaine,
est le seul guide qui soit sûr
Dans le passage suivant, extrait des deux premières strophes de La
fin de la journée, on retrouve l'essentiel des idées développées
par Schopenhauer telles que l'absurdité de la vie, la souffrance qu'elle
engendre, et la mort perçue comme une délivrance :
Sous une lumière blafarde
Court, danse et se tord sans raison
La Vie, impudente et criarde.
Aussi, sitôt qu'à l'horizon
La nuit voluptueuse monte,
Apaisant tout, même la faim,
Effaçant tout, même la honte,
Le poète se dit : " Enfin !
Mon esprit, comme mes vertèbres,
Invoque ardemment le repos ;
Le cœur plein de songes funèbres,
Je vais me coucher sur le dos
Et me rouler dans vos rideaux,
O rafraîchissantes ténèbres ! "
Ou encore :
O Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l'ancre !
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre,
Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons !
Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte !
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ?
Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau !
Une grande partie des poèmes de Mallarmé sont des toasts funèbres,
des hommages portés à des amis disparus. Ainsi du poème
publié dans Notandus n°8 d'avril 2003 (p.6), Le Tombeau d'Edgar
Poe :
Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change,
Le Poète suscite avec un glaive nu
Son siècle épouvanté de n'avoir pas connu
Que la mort triomphait dans cette voix étrange !
Eux, comme un vil sursaut d'hydre oyant jadis l'ange
Donner un sens plus pur aux mots de la tribu
Proclamèrent très haut le sortilège bu
Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange.
Du sol et de la nue hostiles, ô grief !
Si notre idée avec ne sculpte un bas-relief
Dont la tombe de Poe éblouissante s'orne
Calme bloc ici-bas chu d'un désastre obscur
Que ce granit du moins montre à jamais sa borne
Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur.
Dans cette œuvre, le poète, en mourrant, devient enfin lui-même
- il retrouve son moi, son essence, pervertit par la vie. On retrouve ici l'idée
que les hommes sont vivants dans leur mort, et qu'il y a une identité de
la vie et de la mort, pour les hommes comme pour les choses. Le dernier vers
de la première strophe exprime parfaitement l'idée de Schopenhauer
selon laquelle l'artiste " s'arrête à contempler la vie pour
elle-même " :
Cette connaissance pure, profonde et vraie de la nature du monde devient elle-même
le but de l'artiste de génie; il ne va pas plus loin.
Ainsi, c'est la mort qui " triomphait dans cette voix étrange ",
la mort que l'artiste s'était efforcé de regarder en face tout
au long de sa vie pour mieux vaincre l'absurdité du vouloir-vivre, qui
fait de la vie un " désastre obscur ".
Mais alors, comment vivre sans se laisser emporter par le vouloir-vivre, comment
s'arracher à lui ? Est-ce en le voulant ? Non, car la volonté est
une illusion.
On ne peut vivre qu'en tentant de retourner le vouloir-vivre contre lui-même.
On doit faire du vouloir-vivre un objet de contemplation. Seuls, le sentiment
de la pitié à l'égard d'autrui et un détachement
total par rapport au vouloir-vivre peuvent nous conduire à la sérénité.
Cependant, dans la vie quotidienne, l'art peut nous apporter une consolation
provisoire :
" L'essence de la vie, la volonté, l'existence elle-même
est une douleur constante, tantôt lamentable, tantôt terrible ;
[…] tout cela, envisagé dans les représentations pures
ou dans les œuvres d'art, est affranchi de toute douleur. "
Schopenhauer distingue trois étapes sur le chemin du salut.
La première passe par la contemplation esthétique. La jouissance
naissant de la contemplation esthétique vient d'une trêve et d'un
arrêt de la souffrance, laquelle est le fond de la vie. Le plaisir esthétique
signifie contemplation du Beau et, fondamentalement, désintéressement
(enseignement de Kant). Mais cette libération est imparfaite et momentanée,
car l'expérience esthétique est par définition éphémère.
La seconde étape est une libération éthique, qui a lieu
dans l'action des hommes au sein du réel, de leur société.
Le sentiment éthique fondamental est la pitié, sentiment fusionnel,
emphatique, sympathique, par lequel nous rentrons en communication avec celui
qui souffre. La pitié permet une perte de l'individualité par
la fusion de deux personnes, elle fait comprendre l'identité de toutes
les personnes qui souffrent de l'existence. En nous faisant sortir de notre
existence individuelle, elle nous extrait à la tyrannie de la volonté.
La troisième étape est d'ordre métaphysique, elle est
l'acmé de ce processus car à ce stade, l'homme accède à la
négation radicale de la volonté par un processus ascétique.
En renonçant à ses désirs, qui sont la voie à travers
laquelle la volonté se rend présente en nous, l'homme retourne
contre elles-même les forces de la volonté et atteint un état
de grâce proche du Nirvana bouddhiste.
1 - Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Le Livre de Poche, 1972, Paris,
p.164
2 - Schopenhauer employait le terme Wille, que l'on peut également
traduire par vouloir-vivre, ce qui permet de bien faire la différence
avec la volonté au sens commun du terme.
3 - Leibniz fut l'inventeur des intégrales en mathématiques.
Selon lui, le monde est régi par une équation, qui détermine
ainsi chaque chose, chaque événement de l'univers. Tout ce qui
advient a une justification, mais l'esprit humain ne peut appréhender
ce fonctionnement d'ensemble, l'équation qui gouverne le monde, c'est
pourquoi il a l'impression que Dieu fait le Mal sur Terre.
4 - Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation,
tome 1, p.325, Alcan
5 - Michel Houellebecq, Rester vivant et autres textes, coll. Librio, Flammarion,
1997, p.49
6 - Debord, avec d'autres tels Raoul Vaneigem (Traité de savoir-vivre à l'usage
de jeunes générations), Asger Jorn ou Khayati (Sur la misère
des étudiants), créeront d'abord en 1952 l'Internationale Lettriste,
qui deviendra l'Internationale Situationniste en 1957. Ce mouvement, si on
peut l'appeler ainsi, joua un rôle fondamental dans les réflexions
des années 1960, et encore aujourd'hui, sur le fonctionnement de notre
société.
Arnaud Gros-Burdet
Association Notandus
http://notandus.free.fr
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