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Un peu de philosophie...


On rêve très souvent de la mort. De Dieu, jamais.


La magie de la vie consiste à se servir de l'action pour parvenir à la non-action.


L'intention façonne la réalité. Nous devenons ce que nous pensons.


Le temps, c'est ce qui empêche tous les événements de l'univers de se produire en une seule fois.


Celui qui saisit les phénomènes comme réellement existants est aussi stupide qu'une vache, mais celui qui saisit l'absence d'existence des phénomènes, la vacuité, comme réelle, est encore plus stupide qu'une vache.


La réalité se trouve dans les yeux de celui qui regarde.


Rater le train n'est pénible que lorsque l'on court après.


Être vieux, c'est juste être jeune depuis plus longtemps que les autres.


Plus l'état de la planète se dégrade, plus notre espérance de vie augmente. Le jour de la fin du monde, nous serons donc peut-être devenus immortels.


Le bonheur, c'est le bandeau de velours que s'impose l'esprit pour ne pas voir la souffrance.


Temps-Espace

Départ absolu

Aux frontières de la perspective holographique : matière et vacuité

Le paradoxe EPR

Le pendule de Foucault

La méditation

Bouddhisme, kézako ?

Le pessimisme de Schopenhauer

Le pendule de Foucault

Une autre expérience fascinante et fameuse montre que l'interdépendance ne se limite pas au monde des particules, mais s'étend à l'univers tout entier, au macrocosme comme au microcosme. C'est l'expérience du pendule de Foucault.

Le physicien français Léon Foucault voulait démontrer que la Terre tournait sur elle-même. En 1851, dans une expérience restée célèbre et qui est maintenant reproduite dans nombre de musées des sciences du monde, il attacha un pendule à la voûte du Panthéon, à Paris. Une fois lancé, le pendule a un comportement remarquable : son plan d'oscillation pivote au fil des heures. Si on le lance dans la direction nord-sud, au bout de quelques heures il oscillera dans la direction est-ouest, et si nous étions aux pôles, le pendule ferait un tour complet en exactement vingt-quatre heures. À Paris, à cause d'un effet de latitude, le pendule n'accomplit qu'une fraction de tour en une journée.

Pourquoi la direction du pendule change-t-elle ? Foucault répondit que ce mouvement n'était qu'apparent : le plan d'oscillation du pendule reste fixe et c'est la Terre qui tourne. Ayant mis en évidence la rotation de la Terre, il en resta là. Mais la réponse de Foucault était incomplète, car un mouvement ne peut être décrit que par rapport à un repère fixe : le mouvement absolu n'existe pas. Galilée avait déjà compris que : "Le mouvement est comme rien. " Le mouvement n'existe pas en soi, mais relativement à autre chose. La Terre doit "tourner" par rapport à quelque chose qui ne tourne pas. Mais comment trouver ce quelque chose ? Afin de tester l'immobilité d'un point de repère, un astre, par exemple, il suffît de lancer le pendule dans sa direction. Si l'astre est immobile, il restera dans le plan d'oscillation du pendule, dont on sait qu'il est fixe. Si l'astre bouge, il dérivera lentement en dehors du plan.

Essayons des objets astronomiques connus des plus proches aux plus lointains. Si nous orientons le plan de notre pendule vers le Soleil, ce dernier sort perceptiblement du plan d'oscillation après quelques semaines. Les étoiles les plus proches, situées à quelques années-lumière, font de même après quelques années. La galaxie Andromède, située à deux millions d'années-lumière, dérive moins, mais finit par sortir du plan. Le temps passé dans le plan s'allonge et la dérive tend graduellement vers zéro au fur et à mesure que les objets testés sont plus éloignés. Seuls les amas de galaxies les plus lointains, situés à des milliards d'années-lumière, aux confins de l'univers connu, ne dérivent pas par rapport au plan d'oscillation initial du pendule.

La conclusion à tirer de ces expériences est extraordinaire : le pendule de Foucault ajuste son comportement non pas en fonction de son environnement local, mais en fonction des galaxies les plus éloignées, ou plus exactement de l'univers tout entier, puisque la quasi totalité de la masse visible de l'univers se trouve non pas dans les étoiles proches, mais dans ces galaxies lointaines. En d'autres termes, ce qui se trame chez nous se décide dans l'immensité cosmique. Ce qui se passe sur notre minuscule planète dépend de la totalité des structures de l'univers.

Pourquoi le pendule de Foucault se comporte-t-il ainsi ? On ne connaît pas la réponse pour l'instant. Le philosophe et physicien autrichien Ernst Mach (qui a donné son nom à l'unité de mesure des vitesses supersoniques) y voyait une sorte d'omniprésence de la matière et de son influence. Selon lui, la masse d'un objet - la quantité qui mesure son inertie, c'est-à-dire sa résistance au mouvement - est le résultat de l'influence de l'univers tout entier sur cet objet. C'est ce qu'on appelle le principe de Mach. Lorsqu'on peine à pousser une voiture, la résistance qu'elle exerce au mouvement émane de la totalité de l'univers. Mach n'a jamais formulé en détail cette influence universelle mystérieuse, qui est distincte de la gravité, et personne n'a su le faire depuis. Tout comme l'expérience EPR l'a établi pour le monde subatomique, celle du pendule de Foucault, nous force à admettre qu'il existe dans le monde macroscopique une interaction d'une tout autre nature que celles décrites par la physique que nous connaissons : une interaction qui ne fait intervenir ni force ni échange d'énergie, mais qui relie l'univers tout entier. Chaque partie porte en elle la totalité, et de chaque partie dépend tout le reste.

Trinh Xuan Thuan, astrophysicien.



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